Dans ce texte, le mot dieu peut aussi s’entendre au sens large d’unité, être, nature de l’esprit, Soi…
Pour tous ceux qui croient en dieu et pour ceux aussi qui « croient en quelque chose » sans oser prononcer son nom, il est commun de dire que « Dieu est partout », qu’il est omniscient, omnipotent et omniprésent. Mais s’il est à ce point partout, pourquoi le cherchons nous loin de nous, pourquoi le cherchons nous, par exemple, dans le ciel : « Notre père qui êtes aux cieux [1]». Pourquoi, diable, car il s ‘agit bien de cela, l’imaginons nous séparé de nous. Si dieu est dieu, c’est à dire partout et omnitout, il ne peut pas se faire tout petit dans un coin et encore moins arrêter sa munificente présence juste à la frontière de nos corps. Drôle de dieu qui ne serait pas partout chez lui. Et drôle de présomption que de croire que dieu ne peut pas être nous ou, suprême orgueil, de nous juger nous-mêmes indignes de sa présence.
Donc, c’est aussi simple que cela, dieu est partout, en dehors de nous et en dedans de nous. Il ne peut y avoir une seule parcelle de nous et de tout ce qui existe, qui ne soit fait en dieu. A 360° nous baignons dans dieu : en haut, en bas, à droite, à gauche, devant, derrière, dedans, dehors, il n’y a que dieu et nous dedans et lui aussi dedans. Made in God. Nous sommes tous des morceaux de dieu, nous sommes tous faits de la substance/de la matière/de l’essence de dieu, nous sommes tous créatures et tous enfants de dieu. Et si dieu est partout, il est aussi présent tout le temps, de tout temps et donc nous aussi, qui sommes de sa substance. Il n’y a pas de séparation entre nous et dieu, que la croyance d’être séparé, qui vient de l’oubli de qui nous sommes. Mais lui est toujours là et notre nature divine aussi à tout moment, dans chaque infime partie de nous-mêmes.
Dieu est en toute chose et nous sommes en dieu. Dieu ne se cherche pas au-dehors, il se trouve à l’intérieur. Là est le chemin. Sans le savoir, nous sommes déjà dieu et déjà sa demeure. Il ne s’agit que de le redevenir en toute conscience. De retrouver simplement ce qui a été oublié. De redéployer sa lumière qui est à l’intérieur, pour qu’elle rejoigne sa lumière, qui est à l’extérieur. Alors tout est accompli.
Mine de rien, ce n’est pas rien, quand on y pense, de voir les choses ainsi et de se l’appliquer à soi-même. Bien se centrer dans son corps et imaginer que l’on baigne dans dieu, que partout dedans, dehors, dessus, dessous, dedans et derrière c’est dieu. Dessous surtout, imaginer que sous nos pieds, il y a la lumière du divin, pas seulement la terre, la matière, basse, impure voire infernale, non, la lumière ! Derrière aussi, dans le dos, là où nous ne voyons pas et où peut être guettent de ténébreux ennemis. Imaginer que dedans, dans ce paquet de contractions, de souvenirs et de soucis dans mon corps, dans mon cœur, dans ma tête, c’est aussi dieu, que là aussi la lumière est là, qu’elle diffuse et qu’elle se fait son chemin dans l’apparente obscurité de mon être. Imaginer, enfin, que si ma substance est substance de dieu, alors tout n’est peut être pas si fondamentalement mauvais à l’intérieur de moi, que peut-être, il y a du bon en moi. Et si je n’étais pas absolument coupable, absolument haïssable, absolument punissable ? Et s’il y avait en moi, comme il y a en dieu, de l’innocence, de la pureté, de la perfection ? Et si, au fond du fond, j’étais digne d’être aimé, de m’aimer comme il est normal d’aimer dieu ? Aimable et aimé de tout temps ? Et s’il n’y avait même pas besoin de pardon, s’il n’y avait jamais eu besoin de pardon, sauf de moi-même à moi-même ?.
[1]Loin de moi l’idée de contester la belle prière chrétienne. Je parle de notre interprétation première des « cieux » qui ne sont pas le firmament de notre monde, mais le plan de réalité plus vaste de l’ineffable unité divine
Voilà. c’était ma première prise de conscience. Comme le cri du cœur d’une petite fille ou d’une âme qui se réveille.
Françoise Bonnal. La belle histoire de Dieu et nous. ALTESS. 2002. Chap 1.. Epuisé.